07 avril 2007

Politique en bois

Je me souviens d'une vidéo, que nous avions tourné à l'époque de brian-mulet.com, où Bozo lançait "Eh, j'ai pas raison?! Bah ouais!".
Je trouvais que cette courte phrase résumait à elle seule la politique moderne et la façon dont on la pratique. Je le crois toujours.
Or, à mon sens, la campagne prsédientielle de 2007 s'organise autour de deux réflexions du même tonneau:

1)"Tout le monde sait ça". Les discours que j'entends ne sont généralement qu'une addition d'idées pré-mâchées, déjà admises et approuvées par le plus grand nombre (on en revient toujours à cette même histoire: à la télévision je peux dire que l'Ayatollah Khomeyni est un terroriste sans que personne ne bronche, mais si je dis que la CIA l'est également je serais obligé de me justifier). Le discours politique oblige généralement à déformer la réalité, c'est comme ça, on ne peut pas lutter contre la réthorique, mais si il se construit essentiellement sur des préjugés celui-ci se traduit en fin de compte par une accumulation d'approximations dangereuses faites de chiffres erronés, de caricatures grossières et d'envolées logorrhéiques de café du commerce.

2)"Je sais pas ce qu'il vous faut". Les candidats les plus visibles réussissent systématiquement à axer la campagne sur des thèmes qui, personnellement, me semblent accessoires et qui, pour eux, sont porteurs, utiles. L'astuce étant de réussir à persuader les français que ces thèmes sont réellement importants: plutôt que de répondre aux attentes, ces candidats créent des attentes et, dès lors, donnent l'impression de comprendre et d'aller dans le sens du peuple. Dans ce contexte, toute tentative de réorientation du débat est vouée à l'échec.

A part ça ce post est un prétexte. Evoquer les thèmes de la campagne me permet juste de placer une transition habile type "le PS et l'UMP ont fait de la réhabilitation de la valeur travail un de leur thème favori (d'autant qu'il se prête très bien aux préjugés, admirez: "La meilleure manière de protéger le travail, c'est de le réhabiliter en permettant à ceux qui travaillent davantage de gagner davantage" (Nicolas Sakozy, discours du 26 mars 2006 à Douai)), or Pierre Carles et ses accolytes (Cristophe Coello et Stéphane Goxe) ont justement choisi eux de s'attaquer à cette "valeur" et de poursuivre la recherche amorcée dans Danger Travail (qui présentait quelques exemples de résistances individuelles au système) à travers un nouveau film, Volem Rien Foutre Al Pais, sorti début mars, projeté un peu partout en France et dans lequel il élargit son sujet aux initiatives collectives d'expériences alternatives concrètes.
Oh oui, quelle habile transition.
S'en suit une affiche.

Voilà.
Danger Travail, lui, est trouvable. Après l'avoir regardé, n'oubliez pas cependant de donner un peu d'argent à Pierre Carles (http://users.skynet.be/undergroove/activista/donpc.htm) histoire qu'il ne meure pas de faim et qu'il puisse continer à faire de bons films.

Et tant que j'y suis, la phrase de l'année:
"Ce n'est pas du tout un "climat" dans le pays. C'est parce que depuis des années, une IDEOLOGIE POST SOIXANTE-HUITARDE a conduit à tolérer l'intolérable".
Nicolas Sarkozy, lors d'une conférence de presse, le 29 mars 2007 gare du Nord....

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